vendredi 9 septembre 2011

Vive la rentrée !


Et c'est parti pour la deuxième mi-temps !
Non, je ne parle pas de foot, sport qui me laisse – j'ose l'avouer – aussi indifférente que ne peut l'être une moule qui entend le chant des baleines. La deuxième mi-temps, c'est celle que sonne la cloche de la rentrée. Notre vie est en effet désormais rythmée comme un match. Première mi-temps : les festivités du nouvel an – bonnes résolutions et souhaits en tous genre. Deuxième mi-temps : la rentrée des classes – à nouveau de bonnes résolutions et de nouveaux souhaits, alimentés par la pause des vacances.
Et entre les deux périodes, les vacances. Temps mis à profit pour faire le point sur les erreurs de stratégie (oui, je me suis mal centrée sur le terrain du travail, je l'ai joué trop "perso", j'ai couru trop peu pendant l'hiver…); pour rectifier le tir (je vais faire de l'exercice à la piscine, histoire de maintenir le rythme, je vais manger méditerranéen, c'était si bon en Provence ; je vais mieux doser mes efforts ménagers…). Et puis on se fait coach pour les enfants qui ne sont pas tous enchantés, eux, de retrouver une salle de classe : allez gamin, cette année tu vas y aller fort, tu vas donner le meilleur de toi-même, hein !, motive-toi, mon poussin, ça se voit peut-être pas dans ton bulletin, mais t'es le meilleur ! De leur côté, profs et surveillants vérifient le bon alignement des bancs, s'apprêtent à rappeler les règles et astiquent leur sifflet pour la fin de la récré – pardon, des vacances. Un vrai match.

Mais au fait, qui joue contre qui ?
On pourrait dire que dans le meilleur des cas, il s'agit d'un match amical. Pour montrer qu'on sait y faire, qu'on ne subit pas sa vie comme un fardeau, mais qu'on la mène balle au pied, avec adresse et même un certain art. Pour se prouver que les coups bas du sort ne nous laissent pas sur le gazon, mais qu'on est capable de se relever et de repartir. Bien sûr, tout ça est un peu fatigant. C'est bien pour cela que l'on fait une pause-vacances et que l'on fête le début et la fin du match avec des feux d'artifice.
Mais parfois, la vie ressemble à ces matches pourris, joués sur des terrains pelés, ou à des matches truqués d'avance qu'il faut quand même défendre, ou à certains matches de coupe du monde où on a l'impression que tous les coups sont permis, où il faut feinter, bousculer, avec hargne et mauvaise foi. Il faut courir, courir, encore courir.
Courir après la réussite qui sans cesse vous échappe ; courir comme si on était un dieu du stade alors qu'on voudrait juste jouer en division III ; courir chaque jour après le temps qui défile avec la cruauté d'un chronomètre d'arbitre ; mouiller son maillot, encore et encore, malgré la lassitude ; supporter et être supporter pour celles et ceux qui ont encore plus de mal ; n'avoir qu'une envie : rentrer au vestiaire, attendre la fin du match… et le retour des vacances.
Faire du sport, c'est bon pour la santé. Oui, mais vivre sa vie comme une épreuve sportive, il n'est pas sûr que ce soit aussi bon pour la santé mentale et la sérénité intérieure. 
Moi, dans le fond, je n'ai pas envie de rentrer. Pas envie de retrouver les "bonnes vieilles habitudes" qui d'ici trois semaines me feront soupirer en regardant les photos prises pendant  les vacances. Pas envie d'une énième mi-temps qui finira en sapin de Noël. Les vacances, c'est une pause, oui, mais sur un chemin. On a ralenti un peu le pas, mais c'est pour continuer un voyage qui s'enrichit à chaque étape. La vie comme un projet de tour du monde : ça me plaît davantage qu'un match. Et vous ?