jeudi 8 mars 2012

Soins palliatifs !


"Vous pouvez lui sauver la vie !"… "Donnez-lui la chance de connaître sa maman !"… "Sans votre aide, il restera analphabète… Une fois par semaine, au moins, un courrier m'est adressé personnellement – même si nous devons être des milliers à le recevoir. Le plus souvent, l'entête est celle d'une association honorablement connue. Parrainée parfois une VIP, vedette ou ancien ministre. Le poids des mots, le choc des photos : slogan jamais usé. Les récits dramatiques – famine, guerre, exploitation, maladie… - ramènent d'un coup toute la misère d'ici et d'ailleurs ; une misère même pas anonyme puisqu'elle a un prénom, un visage : celui d'un enfant, d'une femme, d'un vieillard qui risquent d'être engloutis par le malheur si je n'ouvre pas mon portefeuille.
            Comment s'accommoder de cela ? De cela et du reste que les médias excellent à orchestrer : Hiver 2012, Télévie, restos du cœur, opérations de solidarité en tous genres ? Qui a dit que l'homme était un loup pour l'homme ? Il suffit de voir combien les citoyens répondent "présents" en masse lorsqu'on fait appel à leur générosité. On a beau vivre dans une société férocement individualiste, on n'a quand même pas des cœurs bétonnés ! Il est vrai que la mobilisation est l'un des plus sûrs moyens de clouer son bec à la culpabilisation, cette épine qui ne manque pas de vous piquer  lorsque vous jetez la lettre d'appel de dons ou feignez d'ignorer les vendeurs d'autocollants à la sortie du supermarché… Un petit geste et hop !, on se sent tout de suite plus léger, plus fraternel, meilleur, quoi.