"Eh bien voilà ! Depuis le début des vacances, j'ai passé en tout et pour tout trois nuits à la maison!", dit en souriant cette jeune fille de 19 ans. Excellente étudiante, elle a en effet enchaîné une série de camps et d'animations en plaines où elle est responsable. Sa sœur de 17 ans suit le même rythme : animations, retour à la maison, le temps de lancer une lessive, refaire les sacs et repartir. Elles font partie de ces centaines de jeunes qui consacrent leurs vacances à offrir à des gosses de 3 à 15 ans de chouettes loisirs et, pour certains, les seules vacances qu'ils auront. Rien que dans les mouvements de jeunesse, près de 100 000 enfants auront ainsi participé à un camp, sans compter les plaines locales. C'est souvent le salut pour ces parents qui n'ont pas de solution pour garder les enfants pendant qu'ils travaillent… Sauf dans le cas des plaines communales, mieux loties, ces jeunes travaillent "pour le fun", comme ils disent. Le défraiement qu'ils reçoivent suffit à peine à payer le souper qu'ils s'offrent le dernier jour… Mais pour eux, ce n'est pas un job de vacances. C'est un service, qu'ils assurent avec compétence et bonne humeur.
Coup de chapeau, donc, à cette jeunesse qui essuie plus
souvent qu'à son tour critiques et préjugés : les jeunes, c'est bien connu,
passent leur temps à paresser, à jouer devant leur écran… ou, désormais, à
chasser les Pokémons ! C'est oublier combien de familles, dans notre pays,
n'ont tout simplement pas les moyens de payer à leurs gosses des stages ni
même, parfois, un camp ou une semaine de plaine. Non, tous les jeunes ne sont
pas des glandeurs : il faut aussi évoquer ceux qui travaillent, certains pour
s'acheter l'objet dont ils rêvent (c'est mieux que de considérer papa/maman
comme un guichet de banque), mais d'autres aussi pour financer leurs études ou
tout simplement soulager leur famille précarisée. Sans compter ceux qui se
portent volontaires pour accompagner des personnes handicapées, ceux qui
rendent 1001 services à leur entourage… et ceux qui étudient parce qu'ils
entendent bien réussir leur seconde session. Ça mérite bien quelque
reconnaissance et encouragement, non ?
D'autant plus que la jeunesse, c'est l'avenir de la société.
Qu'ils y pensent quelquefois ou non, les éminences qui la dirigent finiront par
vieillir ; ils seront un jour remplacés par cette génération en train de lever
comme le blé. Tous les parents sont conscients de cela et la plupart
investissent, massivement (trop parfois !), dans leurs enfants. Ils voudraient
qu'ils aient un bel avenir, qu'ils soient heureux, que leur vie soit bonne. Les
parents, oui, mais les responsables politiques, économiques ? Dans leurs
discours, la jeunesse ne paraît pas être au sommet de leurs priorités… Bien
sûr, les priorités doivent être hiérarchisées et les investissements ne sont
pas extensibles à l'infini. Mais, toutes choses gardées, que penserait-on d'une
famille où l'on investirait en priorité pour l'installation d'une alarme, la
pose d'une clôture et l'achat d'un chien de garde, plutôt que de payer le
minerval d'une année d'études ?