Et c'est parti
pour la deuxième mi-temps !
Non, je ne
parle pas de foot, sport qui me laisse – j'ose l'avouer – aussi indifférente
que ne peut l'être une moule qui entend le chant des baleines. La deuxième
mi-temps, c'est celle que sonne la cloche de la rentrée. Notre vie est en effet
désormais rythmée comme un match. Première mi-temps : les festivités du nouvel
an – bonnes résolutions et souhaits en tous genre. Deuxième mi-temps : la
rentrée des classes – à nouveau de bonnes résolutions et de nouveaux souhaits,
alimentés par la pause des vacances.
Et entre les
deux périodes, les vacances. Temps mis à profit pour faire le point sur les
erreurs de stratégie (oui, je me suis mal centrée sur le terrain du travail, je
l'ai joué trop "perso", j'ai couru trop peu pendant l'hiver…); pour
rectifier le tir (je vais faire de l'exercice à la piscine, histoire de
maintenir le rythme, je vais manger méditerranéen, c'était si bon en Provence ;
je vais mieux doser mes efforts ménagers…). Et puis on se fait coach pour les
enfants qui ne sont pas tous enchantés, eux, de retrouver une salle de classe :
allez gamin, cette année tu vas y aller fort, tu vas donner le meilleur de
toi-même, hein !, motive-toi, mon poussin, ça se voit peut-être pas dans ton
bulletin, mais t'es le meilleur ! De leur côté, profs et surveillants vérifient
le bon alignement des bancs, s'apprêtent à rappeler les règles et astiquent
leur sifflet pour la fin de la récré – pardon, des vacances. Un vrai match.
Mais au fait,
qui joue contre qui ?
On pourrait
dire que dans le meilleur des cas, il s'agit d'un match amical. Pour montrer
qu'on sait y faire, qu'on ne subit pas sa vie comme un fardeau, mais qu'on la
mène balle au pied, avec adresse et même un certain art. Pour se prouver que
les coups bas du sort ne nous laissent pas sur le gazon, mais qu'on est capable
de se relever et de repartir. Bien sûr, tout ça est un peu fatigant. C'est bien
pour cela que l'on fait une pause-vacances et que l'on fête le début et la fin
du match avec des feux d'artifice.
Mais parfois,
la vie ressemble à ces matches pourris, joués sur des terrains pelés, ou à des
matches truqués d'avance qu'il faut quand même défendre, ou à certains matches
de coupe du monde où on a l'impression que tous les coups sont permis, où il
faut feinter, bousculer, avec hargne et mauvaise foi. Il faut courir, courir,
encore courir.
Courir après la
réussite qui sans cesse vous échappe ; courir comme si on était un dieu du
stade alors qu'on voudrait juste jouer en division III ; courir chaque jour
après le temps qui défile avec la cruauté d'un chronomètre d'arbitre ; mouiller
son maillot, encore et encore, malgré la lassitude ; supporter et être
supporter pour celles et ceux qui ont encore plus de mal ; n'avoir qu'une envie
: rentrer au vestiaire, attendre la fin du match… et le retour des vacances.
Faire du
sport, c'est bon pour la santé. Oui, mais vivre sa vie comme une épreuve
sportive, il n'est pas sûr que ce soit aussi bon pour la santé mentale et la
sérénité intérieure.
Moi, dans le
fond, je n'ai pas envie de rentrer.
Pas envie de retrouver les "bonnes vieilles habitudes" qui d'ici
trois semaines me feront soupirer en regardant les photos prises pendant les vacances. Pas envie d'une énième mi-temps
qui finira en sapin de Noël. Les vacances, c'est une pause, oui, mais sur un
chemin. On a ralenti un peu le pas, mais c'est pour continuer un voyage qui
s'enrichit à chaque étape. La vie comme un projet de tour du monde : ça me
plaît davantage qu'un match. Et vous ?